Quels sont les risques d’une embolisation de la prostate ?

Publié le 12 avril 2024 .

Pathologies

En plus du traitement médicamenteux, la prise en charge de l’adénome prostatique a longtemps reposé sur différentes techniques chirurgicales. Toutefois, la chirurgie peut être à l’origine de complications à type d’incontinence urinaire, d’hémorragie interne, d’éjaculation rétrograde et de dysfonction érectile.

Aujourd’hui, la radiologie interventionnelle propose une solution innovante et mini-invasive: l’embolisation des artères prostatiques.

Embolisation de la prostate : quels risques ? | Embolisation prostatique | Dr Laouisset | Val-de-Marne

Qu’est-ce que l’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) ?

L’adénome de la prostate ou HBP est une pathologie fréquente chez le sujet âgé de plus de 50 ans. L’augmentation physiologique de la taille ainsi que du poids de la prostate peut constituer un obstacle à la bonne vidange de la vessie.

L’adénome de la prostate se manifeste par des troubles urinaires tels qu’une pollakiurie ( augmentation de la fréquence des mictions, diurne et nocturne, avec l’émission de petites quantités d’urine à chaque fois), une sensation de vidange incomplète de la vessie, un jet urinaire faible ou interrompu, des mictions nocturnes fréquentes (nycturie), et parfois une difficulté à démarrer la miction.

Qu’est-ce qu’une embolisation des artères prostatiques ?

L’embolisation des artères prostatiques est une technique mini-invasive qui consiste à obstruer de manière sélective les artères alimentant la prostate, dans l’objectif de réduire sa taille.

Réalisée sous anesthésie locale (ou légère sédation) et en salle de radiologie interventionnelle, cette technique endovasculaire ne touche ni l’urètre ni le col de la vessie.

Pourquoi faire une embolisation de la prostate?

Devant une hypertrophie de la prostate, la décision thérapeutique varie selon le niveau de gêne ressenti par le patient et les complications potentielles.
Si l’impact sur la qualité de vie est assez mineur, l’abstention-surveillance est l’approche la plus souvent adoptée. La mise en place d’un traitement médicamenteux est indiquée lorsque la symptomatologie est plus prononcée.

Si les médicaments ne parviennent pas à améliorer les symptômes ou si le patient ne les tolère pas. Certains traitements médicamenteux, comme les inhibiteurs de la 5-alpha réductase, peuvent significativement affecter la libido, l’érection, l’éjaculation et l’orgasme, tandis que les alpha-bloquants peuvent provoquer des effets secondaires tels que la fatigue et des maux de tête.

Lorsque la chirurgie de la prostate est contre-indiquée ou refusée par le patient, ou encore devant la présence de complications graves comme une rétention aiguë d’urine (RAU), l’embolisation des artères prostatiques est une alternative intéressante.

Quels sont les risques d’une embolisation de la prostate ?

Si l’embolisation des artères prostatiques est aujourd’hui considérée comme un traitement fiable et sûr, il existe toutefois quelques effets secondaires qu’il faut connaître :

  • Diminution du volume de l’éjaculat : l’embolisation de la prostate peut entraîner une diminution du volume de l’éjaculat, due à la diminution de la production du liquide séminal par la prostate. Elle peut être accompagnée d’une hémospermie transitoire ( présence de sang dans le sperme ).
  • Hématome au point de ponction artériel : un petit hématome peut se former au point de ponction artériel, par lequel le cathéter a été introduit. Cet hématome est généralement bénin et disparaît spontanément en quelques jours.
  • Allergie au produit de contraste iodé : une allergie au produit de contraste iodé, utilisé pour visualiser les artères prostatiques pendant l’intervention, est possible. Cette allergie se manifeste généralement par des symptômes cutanés, tels que des démangeaisons, des rougeurs ou des œdèmes. Dans de rares cas, elle peut entraîner des réactions plus graves, telles qu’un choc anaphylactique.
  • Infections urinaires : des infections urinaires peuvent survenir après une embolisation de la prostate. Ces infections sont généralement traitées par des antibiotiques.
  • Rétention aiguë d’urine : une rétention aiguë d’urine, c’est-à-dire une incapacité à uriner, est une complication rare de l’embolisation de la prostate. Cette complication nécessite un traitement urgent, généralement par cathétérisme vésical.
  • Le syndrome post-embolisation n’est pas réellement une complication mais plutôt une suite assez fréquente de l’embolisation : il se manifeste par des douleurs, une dysurie et des fréquentes envies d’uriner. Cette situation s’améliore habituellement en quelques jours.

Les complications majeures sont très rares :

    • Traumatisme de l’accès artériel : un traumatisme de l’artère par le cathéter peut entraîner une dissection artérielle, voire une thrombose artérielle (en cas d’abord radial).
    • Sepsis urinaire : un sepsis urinaire, c’est-à-dire une infection urinaire grave, peut survenir en cas d’infection urinaire non traitée.
  • Radiodermite : une radiodermite, c’est-à-dire une inflammation de la peau due à l’exposition aux rayons X, peut théoriquement survenir en cas d’intervention très longues chez des patients obèses.
  • Embolisation non ciblée : une embolisation non ciblée, c’est-à-dire l’obstruction d’artères autres que les artères prostatiques, peut entraîner des complications sur des organes adjacents. Cette complication est aujourd’hui prévenue par la réalisation d’une cartographie 3D en amont de l’intervention ainsi que par l’expertise de nos équipes.

Par ailleurs et contrairement à la chirurgie prostatique, il n’y a pas de dysfonction érectile qui fait suite au traitement endovasculaire. Il n’y a pas d’éjaculation rétrograde ni d’incontinence urinaire.

Article rédigé par DR LAOUISSET

Le docteur Liess Laouisset est radiologue interventionnel depuis plus de 10 ans. Découvrez ses actualités